Les dangers du recul de la culture religieuse
La culture religieuse recule nettement parmi les jeunes générations. On se doutait bien que la sécularisation accélérée de la société avait cette conséquence. On le mesure avec un tout récent sondage de l’IFOP pourLe Monde. On observe notamment une coupure entre les générations. Si 44% des plus de 50 ans savent ce qu’est l’Ascension, le chiffre tombe à 26% chez les moins de 35 ans. Les jeunes n’acquérant pas cette connaissance par le simple fait du temps qui passe, c’est la culture chrétienne qui s’effondre.
Il faudrait avoir de la laïcité une conception complètement erronée pour s’en réjouir. Cette culture, qui nourrit d’abord une croyance et forge une foi, irrigue en même temps notre passé et notre présent. Comprendre l’histoire de France sans pouvoir mesurer le poids du fait religieux, décrypter notre patrimoine artistique en ignorant les influences confessionnelles, directes et indirectes, sur la genèse des œuvres, c’est assécher notre accès au savoir, c’est nous exposer aux contresens, c’est appauvrir toute capacité de compréhension, et pas seulement du passé.
L’enseignement du fait religieux à l’école n’a pas la place qu’il mérite. Cette carence présente un double risque. Celui évoqué plus haut, de se priver d’une indispensable grille de lecture du monde, passé et contemporain. Et celui de laisser la croyance quitter le champ, pondéré par des garde-fous et symbolique des grandes religions reconnues, pour investir d’autres terrains. On voit classiquement les dérives nées de ces glissements dans des comportements intégristes. On les retrouve aussi en matière de politique et de morale.
Certains combats, indiscutables dans leurs principes (antiraciste, féministe, écologiste), sont dévoyés par des adhésions inconditionnelles et produisent des comportements intolérants. Comme un retour du refoulé religieux, mais dans sa version sectaire.
PAR JEAN-MICHEL BRETONNIER la voix du nord. 16 août 2020